PAR QUEL BOUT COMMENCER?
Dans, Une étoile dans loeil de mon frère mon premier livre, je racontais mon enfance kabyle, la place de
mon village, les vieux éternellement présents, la cueillette
des olives, la tendresse des mains de ma mère, la guerre aussi
qui avait fait mal autant que ma circoncision... Le ciel bleu de mes
légendes kabyles, le travail des champs et le chant des femmes au
travail... la faim des chacals qui hurlent dans mon ventre... les figuiers...
la chèvre de Monsieur Malek...
Mes
souvenirs d'enfant n'ont jamais été prémédités
pour la scène, celà me paraissait trop intime de me livrer
à un public que je ne connaissais pas plus qu'il ne me connaissait d'ailleurs.
C'est pourquoi je me suis raconté pour les copains, mes amis artistes saltimbanques, juste
pour faire passer le temps du voyage (quand le temps voulu bien passer) juste
faire passer les kilomètres des tournées. Alors je racontais mes histoires que ma langue n'avait pas encore écrites
et qui n'avaient d'intérêt pour l'auditoire que par la maladresse
de la langue française que j'écorchais au cur même
de son intime syntaxe. Par amour des mots, je me racontais sans savoir que le comédien renouait avec son oralité, ses
origines. Bref un retour aux sources de ma kabylité par cette parole
d'héritage que m'avait légué ma Magicienne-Grand-Mère. Alors je voyais défiler devant moi la quenouille de mon chemin vers le conte...de ma vie. Les artistes de mon voyage m'ont alors éxorté à donner mes histoires au public...
La scène m'a ouvert ses bras comme une invite,
et m'a donnée sa lumière pour éclairer mes contes. Puis sont venu les applaudissements; ma nourriture, ma récompense. Depuis chaque fois que j'entre en scène, je me confidence. Peu à peu mon métier
se tissait chaque soir pour enfin devenir un costume de conteur fait
sur la mesure de ma langue. Celle qui invente à chaque virgule des
mots sortie du grenier de l'oubli. Je devenais conteur et je contais sur mes histoires et le public contait sur moi en me prétant ses oreilles, que je lui rendais après chaque succès. Je lui racontai ma kabylie, lui donnai mes étoiles, quelques figues recueillit sur le vieil arbre de ma jeunesse... et le public à
aimer le goût de mes histoires, il m'a passé commande et je lui ai donné la suite de ma vie.
Je me suis mis à lui écrire avec le bout de ma langue Bouzlouf tête de mouton (mon second livre) ici je raconte mon atterrissage
en France dans ce pays mythique, pays de mon père. Oui me voici
émigré débutant, à l'âge de 9 ans en
ce fameux jeter ce fameux jour du 17 octobre 1961.
Cette fois je raconte le Paris insolite, la rue,
les gitans, les arabes les clodos et les bouz'loufs kabyle de mon quartier Maubert. Vue de l'auteur côté seine Notre Dame de votre Paris. Moi le petit berger
devenu petit titi-kabyle et qui veut faire plus tard le métier d'écrivain. "Oh lui y s'y crois" surnom de défaite donné par l'implacable affection de mon frère Daoud.
Alors pour
faire ce métier de "oh lui y s'y crois", il me
fallait apprendre la langue française et je l'appri sous la direction
du célèbre monsieur Bled. C'est lui qui m'a appri-voisé ma plume, il m'a donné le goût de l'encre et de la craie. Il m'a donné des mots amis du "savoir lire du savoir écrire"... J'ai composé et décomposé les mots, j'ai joué avec eux à la marelle ...les mots se sont joués de moi. Puis dans un compromis les livres se sont laissés écrire, compro-mis avec le plein de fautes d'orthograve- grave.
Plus-tard j'ai mis de la chaire sur mes mots pour les faire frissonner à fleure de ma peau. Ils sont poètisés devenus des êtres vivants avec lesquels l'intime relation s'est nouée, faites de rire et des-mots-tions"
PAR QUEL BOUT FINIR POUR MIEUX RECOMMENCER?
Alors je donnais ma vie
sur scène tantôt avec "une étoile dans l'il
de mon frère" tantôt un avec morçeau de "Bouz'louf tête
de mouton". J'offrais mes histoires au quatre coins du monde comme
un Vivaldi offre ses quatre saisons voulant faire l'été et le printemps en même temps .
LA PRESSE :
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